Maléfique ou la rédemption du féminin blessé

véronique dimicoli Par Le Jeu 23 nov 2017

Dans fondations pour un monde meilleur

Dans cette boîte de Pandore du féminin blessé

d'où s'élèvent témoignages de harcèlement, de viol, de violence, de manipulation, de spoliation de la conscience féminine, 

s'ouvre enfin une porte de guérison après tant de siècles de répression et de blessures infligées...

Le masculin sait-il qu'il se blesse et s'ampute lui-même en agissant de la sorte ? 

Le féminin sait-il qu'il continue de se blesser et de s'amputer lui-même en se contentant de singer un masculin déviant ?

Combien de femmes artistes ont caché derrière leur digne sourire de "muse" un statut beaucoup moins noble qui est celui de "nègre",

inspirant nombre de génies masculins se souciant peu, au final, de l'épanouissement du génie féminin,

le réduisant à un simple "objet de consommation" jetable après usage,

et combien avons-nous encore à nous affermir, nous, les femmes, 

après tant de "pétrissage", de "modelage", de vies sous influence

Ce film offre une belle allégorie de ce qu'ont pu devenir, dans l'inconscient collectif

et en chacun d'entre nous, homme ou femme,

ces énergies féminines violentées et blessées

dans la quête de leurs ailes dérobées que seul l'Amour peut rendre,

je crois en la perspective  d'un "avec" le masculin guéri et libéré,

qui n'exclut pas le tranchant de l'épée quand cela devient nécessaire

mais qui ne peut se réaliser

que dans la demande et l'offrande d'un pardon réciproque

Chaque vol, chaque trahison, chaque mensonge  portent en eux  la charge violente de cet arrachement d'ailes évoqué dans l'extrait du film

Cela peut être le fait d'un être extérieur à nous-mêmes

cela peut être de notre propre fait, 

chaque fois que nous nous écartons de ce qui nous fonde au plus profond

pour nous soumettre au labyrinthe de l'autre

chaque fois que nous oublions de nous choisir sur la voie de l'Etre

chaque fois que nous oublions qu'il réside, dans l'union d'un homme et d'une femme

un trésor merveilleux 

celui d'une coupe offerte aux grâces d'en Haut

 

 

"Adam, avant de rencontrer Ève, se dit Adam et la somme de ses lettres correspond au mot “quoi” ;

après sa rencontre avec Ève, son nom devient Aadam, et la somme des lettres donne “qui”.

Comme si, pour passer de l’état d’objet à celui de sujet, il fallait passer par la relation avec l’autre.

À ce moment-là, comme dans l’Évangile de Philippe, le mot amour devient le mot alliance.

Une alliance entre deux libertés, entre deux sujets qui s’inclinent l’un devant l’autre.

On n’est plus dans un registre de complémentarité. L’autre n’est pas là pour combler le manque. Ce sont deux sujets.

Et dans la relation entre ces deux libertés se révèle quelque chose de divin.

Ce n’est pas un amour de dépendance, ni un amour de séduction, c’est une alliance qui porte du fruit.

Le fruit peut être un enfant, mais aussi une œuvre – ou bien le plaisir ! -, mais dans tous les cas, c’est une façon de mettre Dieu au monde.

Au cœur de la relation elle-même se révèle quelque chose de l’être de Dieu."

Jean-Yves Leloup

(Les métamorphoses de l'échelle amoureuse, Revue Clé, Juillet 2007, entretien avec Jean-Yves Leloup par Patrice van Eersel)